Ennéagramme
              et Typologie Intégrative

Institut M.A.R.I.E.

" Les mots que l'on ne dit pas sont les fleurs du silence "

La voie dynamique de la Méditation

Selon l'enseignement de V.R. Dhiravamsa

Ce texte est extrait du livre du Vénérable Dhiravamsa "turning to the source" editions Blue Dolphin, traduit par Bernadette Schmitt, et reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur.

A strictement parler, ce type de méditation ne requiert aucune technique. L'objet de la méditation de la vision profonde (insight meditation), peut être tout et chaque chose, qui est distinct et évidente à chaque instant. Un étudiant du développement de la vision profonde apprend à rester constamment attentif et clairement conscient de tout ce qui  surgit dans son champ d’expérience (les sensations, les émotions, les pensées, les souvenirs, les impulsions à agir), le reconnaissant pour ce qu’il est, sans labéliser (nommer les choses), conceptualiser (porter un jugement ou faire un commentaire), ranger les choses en catégories ou s’identifier.

C’est un chemin d’ouverture, de vigilance alerte et de clarté de l’esprit. En bref, tous les processus conscients et inconscients de notre complexe psychophysique sont accueillis dans un mouvement constant d’attention nue et de conscience (awareness) claire et simple.

Parce que le but principal de cette pratique est de voir les choses telles qu’elles sont vraiment, on a besoin de garder avec soi et d’appliquer à chaque instant cet outil impeccable de la claire conscience (awareness) sans choix et sans désir, allant de pair avec l’émergence continue des visions profondes dans les réalités et les non réalités.

La claire conscience (awareness) est sans choix parce qu’un choix implique un jugement de valeur (une évaluation : c’est bien ou c’est mal), référé à une échelle de mesure (pourquoi c’est bien ou mal), ainsi la claire conscience ne préfère pas telle chose à telle autre, elle n’est pas partiale, elle accepte et accueille tout de façon équanime et impartiale. elle est sans désir, car elle ne désire pas atteindre un état particulier ou une sensation particulière, comme un bien être ou une relaxation.

L’expérience crue et le travail au travers de nos douleurs et nos souffrances, incluant nos confusions et nos peurs, sans éviter, dénier, mépriser, supprimer, réprimer ou ignorer est une partie essentielle de la pratique de la vision profonde. Car dans le chemin de la vision profonde, l’acceptation inconditionnelle et la vision claire et précise marche main dans la main. La Liberté, dans le vrai sens du terme, est la seule structure de Vipassana.

Vipassana est comme un voyage au travers de notre vie ; ce que nous traversons dépend de nos propres conditionnements. Si nous avons peur des expériences déplaisantes ou si nous attendons uniquement ce qui est positif, alors nous pourrons avoir plus de difficultés en pratiquant cette méditation. Comme dans la vie, c’est un voyage de découverte. Certains ont parlé à propos du potentiel et des trésors cachés de l’homme, mais jusqu’à ce que nous découvrions ce que nous sommes vraiment (la connaissance pure de notre être), nous n’acceptons ni ne rejetons de telles choses (des idées sur ce que nous sommes ou pourrions être). Nous laissons simplement les choses telles qu’elles sont, et continuons de voyager au travers de nous-mêmes, parce que notre nature intrinsèque et vraie n’est pas réalisée au travers d’idées telles que celles qui surgissent à la suite d’évaluation ou de jugement de notre expérience.

Le processus de découvrir ce qui est, et de l’accepter tel qu’il est, est basique à Vipassana ou à la Vision Profonde. Il existe dans la pratique de Vipassana un esprit de curiosité, dans le sens d’un besoin de connaître, mais qui est équilibré par l’ouverture d’esprit et la reconnaissance de l’incertitude. Quand nous ne pensons pas de façon obsessionnelle que nous devons savoir, nous sommes capables de tolérer que nous ne savons pas avec l’approche dépassionnée et patiente de la science dans ses aspects les plus purs. Cependant, cette sorte de science ne travaille pas dans une tour d’ivoire, dédaignant les possibilités apporté par le savoir, ou la réalité de l’expérience subjective. Pour être vraiment objectif, nous devons prendre en compte notre propre vie intérieure, et voir plus clairement ce qui survient alors, sans être effrayé de notre subjectivité. Si nous la dénions ou l’ignorons, notre monde interne dynamique de disparaît pas, il devient plus explosif et effrayant. En résultat, nous le regardons alors moins, ce qui est extrêmement dangereux pour notre développement et notre évolution.

Le cycle de la peur, comme le cycle du désir a le même effet : le rétrécissement de notre focus d’attention, dans un champ plus limité, en d’autres mots, c’est la concentration. Les méthodes de concentration méditative peuvent donner des déséquilibres mentaux, des états de transes, des pouvoirs psychiques, et à une intensité moindre, de nombreuses formes de contrôle et de succès, parce qu’elles travaillent en excluant ce qui n’est pas désiré. Mais la nature du flux de l’esprit est telle qu’elle doit s’écouler, et si elle est continuellement canalisée dans une direction étroite, ou bloquée, ses énergies alors s’orientent et émergent dans une direction destructrice. Les perturbations psychosomatiques nous donnent des signaux de mise en garde de cette situation (destructrice), mais nous ignorons pendant longtemps que l’esprit affecte le corps de cette façon. Les investigateurs tournent leur attention vers l’extérieur au lieu d’observer leurs propres états internes et leurs conséquences physiques. Ce n’est pas seulement les "experts" qui ont peur de regarder à l’intérieur, c’est presque chacun de nous. Nous devons regarder, par-dessus tout, cette peur, cet état - d’être effrayé - par ce qui surgit, ou ce qui peut surgir.

Pendant la méditation, ce qui survient peut être ni particulièrement plaisant ou déplaisant, mais nous sommes impatients, c’est-à-dire, que nous ne pouvons attendre si rien d’intéressant ne se passe. Dès que les ressentis d’impatience et d’agitation surviennent, nous devons les regarder, de telle façon que ce qui est subjectif devient l’objet de notre méditation de la Vision Profonde. Nous n’attendons pas quelque chose ; nous regardons simplement avec une attention nue, ce qui est différent de l’état de concentration parce qu’il coule avec ce qui survient, sans rester bloqué. Si nous regardons de cette façon, alors nous devrions voir. C’est idem dans la vie de tous les jours : nous devrions entendre ce que nous écoutons, sentir ce que nous touchons et voir ce que nous regardons.

Le savoir et le pouvoir peut être produit par la concentration, mais pas la vision profonde, parce que la vision profonde n’est pas "produite", elle survient naturellement quand nous avons permis à l’attitude de vigilance non interférente et non jugeante  de voir pleinement au travers de tous les voiles.

Quand l’esprit conditionné peut laisser ce qui a été accumulé et parvenir à l’inconditionné, sans focaliser sur un terrain ou un centre, il cesse de prendre refuge et s’ouvre au flux des visions profondes, contenant uniquement ce dont on a besoin à chaque moment, jusqu’à ce qu’un besoin soit lui-même transcendé.

La virginité (vacuité) de l’esprit ne signifie pas que quelque chose manque. Tout ce dont on a besoin est là, disponible, comme une main ouverte attendant notre attention quand nous sommes en besoin d’aide, et parce qu’on permet à chaque chose de s'écouler, en accord avec les lois du changement et de l’impermanence, cela ouvre le chemin pour ce qui est frais et adéquat pour le prochain moment. Rien n’est hors de contexte, et chaque chose peut servir ses propres objectifs si nous cessons d’interférer, juste en laissant les choses aller et venir comme le souffle.